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Généralités

La province du 雲南 YúnNán, au Sud Ouest de la Chine, produit l’un des trésors de l’Empire du Milieu : un thé nommé 普洱 Pǔ’ěr. C’est un thé que l’on classe à part des 6 types de thé, issu d’arbres 喬木 QiáoMù parfois centenaires voire millénaires. Il y a les Pǔ’ěr cuits et les Pǔ’ěr crus. C’est de ces derniers dont nous parlerons dans cet article.

Souvent présentés en “galettes”, le thé Pǔ’ěr cru est très ancien, dans le sens où il constituait déjà une partie des tribus du YúnNán envoyés aux empereurs de Chine à dos de mulet, cheval ou âne. Ils mettaient plusieurs mois pour rejoindre l’empereur.

Les conditions de transport à l’époque étaient rudes. Si bien que souvent la marchandise alimentaire s’altérait pendant les longues traversées à terre, ou bien se périmait. Le thé n’était pas exempt de cette règle, sachant qu’un 綠茶 - LǜChá (thé vert) se conserve en moyenne 6 mois, et un 紅茶 - HóngChá - (thé rouge) 3 ans maximum. C’est pour palier entre autres ce problème qu’a été conçu un thé se fermentant au fur et à mesure du temps. Ce type de thé fermente naturellement au fur et à mesure du temps. Le thé Pǔ’ěr cru est le thé fermenté par excellence. De là, on comprend mieux pourquoi il se bonifie et évolue avec le temps, à l’instar des vins, du fait de sa capacité de fermentation.

Anecdote: un décret impérial de la dynastie Qīng (la dernière dynastie chinoise), a imposé que chaque galette de thé Pǔ’ěr cru fasse exactement 357 grammes. Aujourd’hui cette règle est toujours en place. Mais d’où vient elle? Quelle en était la raison première ? À dos de cheval, les négociants voulaient placer 60 kg de thé, poids rationnel pour un transport optimal à dos de cheval. Ce poids était réparti dans deux 件 Jiàn (panier en bambou) de 30 kg de chaque côté. Ces Jiàn étaient composés de 12 筒 Tǒng de 2,5 kg. Une Tǒng était composée de 7 galettes de thé 茶餅 Chá Bǐng emballées dans des feuilles de bananier séchées et reliées par une ficelle de bambou. Or pour arriver à ce chiffre, une galette devait peser exactement : 357 grammes, correspondant à 7 兩 Liǎng (en mesure chinoise 1 Liǎng = 51 grammes). Voici pourquoi, encore aujourd’hui, les galettes de thé Pǔ’ěr pèsent 357 grammes exactement_.

La constitution d’une galette de thé Pǔ’ěr

Une galette de thé Pǔ’ěr est constituée exclusivement de feuilles de thés provenant de l’espèce Camellia Assamica (mast) Chang, 普洱茶 Pǔ’ěr chá_en chinois*. Ces feuilles de thé sont cueillies sur des arbres à thé 喬木 _QiáoMù (et non sur des arbustes). La plupart des galettes de thé Pǔ’ěr sont faites avec des arbres ne dépassant pas cent ans, mais il en est contenant des feuilles d’arbres plus que centenaires.
*En Occident, on considère le Camellia Assamica non pas comme une espèce, mais comme une variété de Camellia Sinensis. On la nomme dans nos pays d’ailleurs Camellia Sinensis Var Assamica. Nous acceptons donc le fait que l’assamica est un dérivé de sinensis. Hors en Chine, depuis le célèbre taxonomiste 張宏達 Zhāng hóngdá, on ne fait plus descendre l’assamica du sinensis, mais on le considère comme une espèce à part entière. Pour marquer cette différence de point de vue scientifique entre la Chine et l’Occident, M. Zhang a modifié le nom d’assamica, pour Pǔ’ěr. Ces Pu er sont constitués par les 雲南大葉種 Yúnnán dàyè zhòng, les feuilles contenus dans une galette de Pǔ’ěr.

Les fabricants peuvent utiliser les feuilles d’un même millésime pour réaliser l’ensemble de la galette. Cependant, souvent, on verra plutôt des blend, c’est à dire des galettes composées de plusieurs feuilles de plusieurs millésimes différents. Comme un champagne, ces recettes font souvent la renommée des fabricants, qui savent composer leurs thés en fonction des années.

Depuis peu, on voit des dates apparaître sur les galettes de thé Pǔ’ěr. C’est ce fameux millésime, date de récolte des feuilles de thé. Selon maître Tseng du salon de thé “La maison des Trois thés” à Paris, ce phénomène nouveau a été inspiré par le système de millésime des vins français. Aujourd’hui, c’est le seul type de thé qui soit millésimé systématiquement. On remarquera que les galettes de thé blanc sont également assez souvent millésimées. La raison en est simple: le thé Pǔ’ěr cru ainsi que le 白茶 - BáiChá - (thé blanc) sont ce qu’on peut appeler des thés de garde, c’est à dire qu’ils vont se bonifier avec le temps, comme un bon vin. D’où l’intérêt de les millésimer pour les tracer au cours de leur vie. C’est ce qui fera dire à maître Li, calligraphe chinois renommé du 貴州 GuìZhōu : 茶酒同道 Chá Jiǔ TóngDào (“le thé et le vin ont le même chemin” ou “thé et vin sont d’un même monde”).

Les montagnes de thé Pǔ’ěr

Le thé Pǔ’ěr est un thé historique en Chine, il existe depuis des siècles sous sa forme actuelle. Ainsi, au fur et à mesure du temps, certains crus, ou “montagnes de thé” 茶山 茶山 Cháshān ont vu le jour. Ces montagnes se trouvent toutes dans le YúnNán, c’est à dire au sud de la Chine, bordées par la Birmanie et le Laos.

Ces montagnes s’étendent de part et d’autre d’un fleuve nommé 澜沧江 LánCāngJiāng. Ce fleuve descend jusqu’au Laos où il est connu sous le nom de “Mékong”. Les montagnes de thé Pǔ’ěr sont en effet irriguées par les eaux de ce grand fleuve.

montagnes de théPǔ'ěr

On distingue trois catégories de montagnes de thé Pǔ’ěr: les plus anciennes, les classiques, et les nouvelles.

最古老茶山 Zuì GǔLǎo CháShān

Ce sont les trois montagnes de thé historiques du Pǔ’ěr, les plus anciennes historiquement. Elles se trouvent dispersées dans le YúnNán.

古今六大茶山 GǔJīn iù Dà CháShān

Ces six montagnes se sitent à l’Est du LánCāngJiāng. Elles sont appelées “classiques”.

新六大茶山 Xīn Liù Dà CháShān

Ces six montagnes se situent à l’Ouest du LánCāngJiāng. Ce sont les montagnes de thé Pǔ’ěr les plus modernes.

Les marques de Pǔ’ěr

Les fabricants de Pǔ’ěr (les marques), produisent des thés avec des feuilles provenant de divers crus (cru = montagne de thé, 茶山 CháShān en chinois). Les marques se partagent donc entre elle les récoltes des CháShān, en concurrence les unes avec les autres.

Parmi ces fabricants, certains se sont distingués. On verra ici les marques les plus connues :

Conserver un thé Pǔ’ěr

Traditionnellement, on conservera les galettes de thé Pǔ’ěr: